Le Verre d’Eau
La nouvelle fantastique
Sujet :
- Rédige un court récit fantastique mettant en scène un objet ensorcelé.
- Choisis un objet banal.
- Décris cet objet.
- L’objet prend vie et cherche à te nuire.
- Utilise les verbes de perception.
Le Verre d’Eau
C’était une nuit paisible. Les fenêtres, légèrement entrouvertes, laissaient se faufiler une curieuse brise chatouillant les rideaux flottants.
Pas un bruit. A part peut-être le souffle de ma sœur endormie sur le lit d’à côté, et le tic-tac régulier, à peine perceptible de l’horloge du salon.
C’est dans cette atmosphère nocturne que je m’éveillai, la gorge sèche. J’avais soif. Je repoussai ma couverture et m’assis sur le bord de mon lit, tâtant la surface de ma table de chevet à la recherche de mon téléphone portable, afin d’éclairer discrètement la chambre en évitant de perturber le sommeil profond de ma sœur. Au moment où mes yeux à demi-clos reçurent péniblement la lumière de l’appareil, je remarquai un verre d’eau sur la table. Confuse, je m’en approchai. Le verre était large, transparent, décoré de formes singulières, laissant paraître une eau translucide, parcourue par des étincelles reflétant la lumière sur sa surface, qui me sembla similaire à celle de la mer phosphorescente sous le clair de lune. Je crus même voir de discrètes vaguelettes, ainsi que le reflet d’une myriade infinie d’étoiles, à l’intérieur de cet étrange verre d’eau. Je fus comme hypnotisée, ébahie devant ce spectacle miniature. Je crus percevoir le son berçant des vagues s’échouant sur le rivage, dont l’écume nacrée court sur le sable fin avant de fondre ; je crus sentir la brise océanique caresser mes joues.
Tout à coup, l’eau commença à s’agiter, menaçant de déborder. Puis, sans prévenir, elle sortit majestueusement de sa prison de verre et m’entoura. Paralysée au centre de cette étreinte aquatique, je sentais un froid glacial qui me mordait la peau, contrastant avec la chaleur qui brûlait mon cœur. C’était une sensation singulière, inexplicable, que je ne saurais traduire par des mots. Mon esprit était troublé. Je fus comme aspirée dans une transe, éjectée dans un monde autre que le nôtre. Je me sentais protégée, toutefois menacée par un danger terrible.
L’eau cristalline qui flottait autour de moi semblait prendre vie. Envoûtante, elle dansait, s’ondulait, ondoyait nonchalamment dans un tourbillon enivrant. Soudain, l’étreinte se resserra. Le souffle coupé, je fermai les yeux. Mais lorsque je les rouvris, plus rien. Je me rendis compte non sans étonnement qu’il n’y avait pas une goutte d’eau nulle part. Je scrutai la pièce, le souffle court, subjuguée. Mon cœur battait la chamade. Toute trace de cet invraisemblable bouleversement avait disparu. La maison sombrait dans un silence de mort, ma sœur dormait aussi profondément qu’à l’ordinaire.
N’était-ce qu’un rêve ? Mes sens étaient si éveillés que je n’y crus pas. S’agirait-il d’une de ces choses saugrenues de la vie que l’Homme ne peut expliquer ? Des forces inconnues ?
Je n’eus guère la force de chercher des réponses. Déconcertée, je me rallongeai machinalement, le regard fixé sur le plafond. Mes yeux se fermèrent d’eux-mêmes. Et je plongeai dans un calme sommeil, nageant dans un sentiment de confort que je ne comprenais point…
Rofayda Elouedghiri Idrissi
Groupe Scolaire le Cedre – TCs3