Apocalypse…

…L’esprit tourmenté, je me penchai à ma fenêtre. C’était un spectacle bien désolant. Pas un sourire. Pas une voix. A part les soupirs et les pleurs. Les plus calmes avaient une expression pensive et obscure, que déformait l’angoisse. Les plus désespérés préparaient déjà leurs adieux. Tandis que d’autres, un peu plus fous, planifiaient un lointain exil.

Le ciel grisâtre et le soupir mélancolique du vent ne faisait qu’attrister le paysage de plus belle.

Tout à coup je levai les yeux. L’effroi que je ressentis me glaça le cœur…

L’image du ciel changeait. Elle changeait tellement vite qu’elle me fit penser à un diaporama accéléré. Un bleu azur, puis un rouge vermeil , ensuite un bleu sombre et nocturne, se succédaient à a vitesse de l’éclair. Les nuages se précipitaient dans tous les sens, formant ça et là des tourbillon infernal dans un infini désordre, se contorsionnant tel une barre de ferre sous une braise ardente. Je sentis une nausée se mêler à mes émotions, tellement fortes et ambiguës que je ne sentais plus rien. Le soupir du vent s’amplifia. Il devint un murmure, puis un cri, pour enfin devenir un violent ronflement qui ressemblait au grognement sauvage de quelque bête monstrueuse. Ce furieux mistral s’acharnait sur ma pauvre ville et ses habitants, arrachant les arbres et les volets, faisant virevolter tout ce qu’il rencontre sur son passage.

Immobile, la bouche béante, les yeux au point de sortir de leur orbite, le cœur battant, le souffle coupé devant cette horrible scène, je n’eus point le courage de faire le moindre geste.

Je ne pensais à rien. Mes sens étaient comme engourdis. C’était à peine si je me sentais en vie. Tout le monde était comme assourdis, aveuglés, paralysés… bref, comme morts.

Le ciel semblait soudain s’approcher, s’approcher encore jusqu’à en étouffer la Terre affolée, suffocante. 

Je sentis une violente, subite oppression dans ma poitrine.

Je fermai les yeux, serrai mon cœur… Et plus rien.    

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